Propositions d’Hélène MYARA
« Proposer des expériences avec la voix, des itinéraires par lesquels on est soi-même passé en les adaptant singulièrement à chaque fois à la personne que l’on rencontre, pour un travail de délicatesse et de patience, avec un cavalier sans monture dans le cas d’un travail d’atelier, travail où comme en danse, le corps tout entier est instrument d’expression.
Nous explorerons des potentialités souvent ignorées, une recherche personnelle dont l’aboutissement relève de la surprise comme c’est souvent le cas dans les pratiques artistiques.Pour ceux qui n’auraient jamais pratiqué l’équitation, commencer ensemble ces deux pratiques permet de constater à quel point le détournement de soi contribue à ces deux expériences. Trop d’attention nuit, trop de concentration immobilise, enferme à l’intérieur de sa propre perception, prive beaucoup des informations extérieures, l’espace, la lumière, le mouvement, la clarté des intentions.
Le cheval, Autre magnifique, par son mouvement, par ses formes, son envergure, nous donne à ressentir, et ressentir par cet Autre donne à ce que nous ressentons une ampleur inattendue, à respirer, à regarder, à capter, par exemple, si je cherche une respiration abdominale, je peux diriger cette respiration vers l’abdomen du cheval qui me porte et qui respire lui aussi, mes jambes et mon bassin en mouvement le perçoivent, cette attention dirigée ailleurs qu’à l’intérieur de soi donne une toute autre dimension à ma respiration, je peux constater que les vibrations de ma voix entrent en résonnances avec le corps du cheval, je peux aussi chercher un rythme en fonction du pas du cheval, projeter ma voix, la spatialiser, puisque le manège tout entier devient un endroit d’expression.
Pour chaque personne l’expérience est singulière, singulière aussi de par la personalité du cheval monté et qui devient partenaire de jeu. Expérience au cours de laquelle des états s’échangent, ceux du cavalier et ceux du cheval. Le cheval est à l’écoute, il comprend, il est influencé par la détente musculaire et nerveuse que procurent les respirations, par la posture du corps qu’il porte qui s’harmonise s’équilibre, se libère de tensions, par les volumes que peut prendre la voix dans le bel espace du manège.
Ces expériences vocales prennent tout leur sens si elles dépassent le territoire du chant pour, en harmonie avec d’autres disciplines, participer à la pratique équestre.
Le travail et la connaissance de l’instrument-voix permettent d’accéder à une indépendance, une autonomie. L’idée serait donc en travaillant la technique de s’en affranchir afin de pouvoir mener une recherche AVEC sa voix. »
Hélène Myara restitue tous les univers qu’elle a filtré sans forcément faire état des origines, l’écoute de matériaux sonores d’origines variées (Poésie concrète, répertoire lyrique, contemporain …) développe la capacité vocale, de même que l’usage de langues étrangères ou d’onomatopées en relation avec une posture et un mouvement induisent une situation d’expression particulière et font appel à différents types d’énergie.
Mots-clefs : faire bien et pas bien faire, contact extérieur = contact avec soi, recherche par le mouvement, relâcher pour tonifier, sentir et pas contrôler, jouer… etc
Témoignage : impression après le travail sur la voix avec Hélène
Brigitte :
D’abord , la surprise de me retrouver sur le dos de Poète, moi qui suis familière des chevaux sans être cavalière : perception déroutante de sa respiration profonde et apaisante, comme un prolongement amplifié de mon souffle.Sensation puissante de cette assise vivante, matérialisant une force qui vient d’en bas pour nourrir ma voix , lui donner une profondeur et un élan inhabituel .
Ensuite le son qui jaillit aussi précis qu’une flèche traversant le manège, ou bien qui s’épanouit en un chant remplissant tout l’espace .
En résumé une expérience riche et inattendue
…à pousuivre …